L’Association Nigérienne de Lutte contre la Corruption, section de Transparency International avec la collaboration de Transparency International Defence & Security Programme (TI-DS) et le financement du Ministère Néerlandais des Affaires Etrangères met en œuvre un projet sur la Promotion de la Sécurité Humaine. C’est dans le cadre de ce projet que des caravanes de sensibilisation des acteurs régionaux sur la nécessité de cultiver une participation citoyenne dans le domaine de la défense et de la sécurité.
La mission de la caravane de sensibilisation sur la situation sécuritaire du Niger a quitté Niamey pour le lundi 5 décembre 2022. Cette activité entre dans le cadre du Projet pour la Promotion de la sécurité Humaine en Luttant contre la Corruption, l’Instabilité et les Conflits mis en œuvre par l’Association Nigérienne de Lutte contre la Corruption, section de Transparency International et Transparency International Défense et Sécurité avec le financement du Ministère Néerlandais des Affaires Etrangères. L’équipe axe Tahoua-Agadez est composée de M. Abdou Issaka, Chef de mission, de M. Kabirou Boubacar, membre de la mission de Mme Mamane Sani Nafissa, membre de la mission et de M. Seyni Harouna, membre de la mission.
Etape de Tahoua
A son arrivée à Tahoua la mission a été reçue par la deuxième Vice-Présidente du Conseil Régional de Tahoua, le Directeur régional de la Police Nationale de Tahoua, le Chef de Canton de Tahoua et le Chef du Groupement Peulh de Tahoua. Partout les membres de la mission ont expliqué le bien-fondé de cette activité et les objectifs qu’elle vise.
Le 7 décembre 2022 à seize (16) heures a débuté la caravane de sensibilisation dans la salle de réunion du gouvernorat de Tahoua. Dans son allocution Abdou Issaka membre de Transparency International Niger a tenu à remercier les participants pour avoir effectué le déplacement avant de souligner la nécessité de lutter contre la corruption dans le secteur de la défense. Quant au conseiller du gouverneur de la région prononçant le discours officiel d’ouverture, il a mis l’accent sur la nécessité pour tous les citoyens de s’engager pour la défense de la patrie comme le stipule la constitution du 25 novembre 2010 qui dispose en son article 38 « la défense de la Nation et de l’intégrité du territoire de la République est un devoir sacré pour tout citoyen nigérien ».
Présentation du contexte sécuritaire régional
Après cette cérémonie d’ouverture, le Directeur Régional de la Police Nationale de Tahoua a présenté la situation sécuritaire de la région. Devant un public composé des représentants de l’Administration Régionale, des Elus locaux (au titre de la région), des représentants des Institutions de la République, des Représentants des Organisations de la Société Civile, et des Représentants des différents corps des Forces de Défense et de Sécurité, le DRPN a tout d’abord commencé par reconnaître que certes, la situation sécuritaire dans sa région est relativement calme par rapport à certaines régions du pays. Toutefois, dit-il, il ne faut pas occulter le fait que, la partie nord-ouest de la région, frontalière avec le Mali, est souvent la cible des attaques des groupes armés non-étatique (GANEs). « Ils (les GANES) y prélèvent même la zakaats auprès des populations » précise le responsable régional de la Police. Le DRPN d’ajouter pour le reste de la région la situation sécuritaire est surtout marquée par des cellules de bandits composées de dealers et autres trafiquants de tous genres. « Cette situation n’est pas négligée par nos services parce que, de par notre expérience, nous avons compris que la situation sécuritaire se détériore à partir des petites cellules négligées qui s’accroissent pour prendre la forme des GANEs » ajoute le Directeur Régional de la Police Nationale de Tahoua.
Parlant des défis de la situation sécuritaire, le DRPN de Tahoua a surtout mis l’accent sur le manque des moyens humains et roulants pour assurer un maillage parfait du territoire. « Nous disposons des hommes valeureux mais en quantité insuffisante pour couvrir tout le territoire » dira-t-il. La corruption est un grand défi pour la sécurité et les agents des forces de l’ordre sont souvent forcés à la corruption par une population qui a du mal à se soumettre aux lois. Connaissant la sociologie et la psychologie des jeunes agents, il est aujourd’hui difficile de trouver quelqu’un qui va refuser un cadeau soutiendra en substance le chef de la police de la région de Tahoua. « Si chacun est en règle et ne se reproche rien ne je vois pas pourquoi un agent va demander de l’argent à un autre citoyen » conclut le DRPN sur cette question des défis liés à la question sécuritaire.
Il a souligné l’importance d’un rapprochement entre les deux composantes pour un meilleur succès du travail. Déjà ajoute-t-il, tous les corps sont en train d’élaborer une communication à l’intention de la population pour une meilleure compréhension de leur travail. C’est dans ce sens qu’une mission du ministre de l’intérieur composée de la hiérarchie de la Police nationale et de la Garde Nationale du Niger a sillonné la région dans le but d’appeler la population à collaborer avec les FDS pour la sécurisation du terroir. C’est pour être plus prêt de la population que la police a mis en place la ligne verte, le numéro 17, qui devait permettre à la population d’émettre des appels de détresses mais malheureusement, certaines personnes appellent juste la police pour des futilités ou pire même pour leur dire des grossièretés. Pour dire qu’il faut vraiment insister sur la sensibilisation analyse le commissaire de Police.
Débats et Contributions
A l’issue de cet exposé, le modérateur rappelle les grandes lignes de l’intervention du DRPN avant d’ouvrir une liste d’intervention. Les participants ont pris la parole tantôt pour poser des questions, tantôt pour faire des témoignages sur la situation sécuritaire de leur région. C’est ainsi que Salifou Djibo, Président du Conseil Régional de la Jeunesse de Tahoua, dit que « la situation des migrants et le développement des réseaux clandestins de passeurs constitue un véritable problème de sécurité pour la région de Tahoua. » Pour Sidi Hachimou Yacoubou, représentant l’Association Islamique du Niger, la population a trop peur des Forces de Défense et de Sécurité ce qui rend la collaboration plus difficile selon lui. Dans l’ensemble la plupart des participants ont demandé d’insister sur la sensibilisation pour créer le rapprochement entre la population civile et les Forces de Défense et de Sécurité.
Après tous ces échanges très riches en propositions et témoignages, les participants ont procédé à la mise en place du Comité de Vigilance et de Veille Citoyenne (C2VC) qui est une structure mixte composée des représentants des autorités administratives et coutumières régionales, des représentants des Forces de Défense et de Sécurité et des représentants des Organisations de la Société Civile locale. Le C2VC élit un bureau de cinq (5) membres conformément à la charte régissant son fonctionnement.
Etape d’Agadez
A son arrivée à Agadez, le vendredi 9 décembre, la mission a été reçue par la Secrétaire Générale Adjointe de la région d’Agadez, le Chef de Cabinet du Gouverneur de la région d’Agadez, le Maire. Le samedi 10 décembre la mission a été reçue par le Directeur Régional de la Police National d’Agadez avant d’être reçue, le lendemain, par le Commandant de la Légion de Gendarmerie d’Agadez. Partout les membres de la mission ont expliqué le bien-fondé de cette activité et les objectifs qu’elle vise et les mission poursuivies et buts fixés par l’Association Nigérienne de Lutte contre la Corruption.
Dans son allocution Abdou Issaka membre de Transparency International Niger a tenu à remercier les participants pour avoir effectué le déplacement avant de souligner la nécessité de lutter contre la corruption dans le secteur de la défense. Quant à la Secrétaire Générale Adjointe de la région prononçant le discours officiel d’ouverture, elle a mis l’accent sur la nécessité pour tous les citoyens de s’engager pour la défense de la patrie comme le stipule la constitution du 25 novembre 2010 qui dispose en son article 38 « la défense de la Nation et de l’intégrité du territoire de la République est un devoir sacré pour tout citoyen nigérien ».
Présentation du contexte sécuritaire régional
Le Directeur Régional de la Police Nationale est chargé par le Gouverneur de présenter le contexte sécuritaire régional. Le responsable régional de la Police Nationale, dans un exposé, a procédé d’abord à une présentation des éléments constitutifs de la sécurité de son entité administrative. Le Commissaire de Police Aboubacar Moussa a reconnu que la situation sécurité de la région d’Agadez est marquée par des attaques à mains armées et surtout par la persistance des différents types de trafics criminels. Après cette brève présentation du DRPN, le modérateur rappelle les grandes lignes de l’exposé et donne la parole au Commandant de Légion de la Gendarmerie Nationale qui a tenu à préciser que la meilleure façon de finir avec l’insécurité est de cultiver un bon climat de coopération entre les Forces de Défense et de Sécurité et les population Civiles.
Débats et Contributions
Après l’exposé du DRPN, une liste d’intervention a été ouverte. Les participants ont fait des contributions. C’est ainsi qu’un participant dit que « le plus grand problème de la sécurité dans la région est la présence des armes dans les mains des civiles. » il ajoute « après la dernière rébellion qu’à vécue la région un programme sérieux de collecte des armes n’a pas été mis en place. » cette information a fait réagir le Commandant de la légion de Gendarmerie qui a suggéré de mettre en place un programme avec l’appui des autorités judiciaires pour récupérer les armes auprès des particuliers afin d’améliorer la lutte pour la sécurité. Plusieurs participants sont revenus sur la vente et la consommation de la drogue. Ce phénomène est un catalyseur de l’insécurité pensent-ils. Un autre problème est la possession des armes par plusieurs citoyens qui, même s’ils disposent des permis de port d’armes, peuvent constituer une source d’insécurité. Une participante, élue locale, demande à la police de sévir sur les conducteurs de tricycles localement appelés « Adaidaita ». Ces engins affectés au transport urbain et péri-urbain sont le plus souvent conduits par des jeunes qui ne maîtrisent pas le code de la route. Certains d’entre eux ne se sont même pas fait enregistrer auprès des autorités municipales. Quand représentant de l’Association Nigérienne de Défense de Droit de l’Homme (ANDDH), il a exhorté les participants à dénoncer toutes personnes dont ils trouvent que ces activités peuvent conduire à l’instabilité et aux conflits. Il n’a pas manqué de préciser que la dénonciation doit se faire dans l’anonymat et auprès des structures qualifiées c’est-à-dire la Police, la Gendarmerie, etc.
Un autre participant a parlé de l’éducation, il pense que pour sauver les plus jeunes il faut valoriser l’éducation aux valeurs de paix, de cohésion et de la sacralité de la vie humaine. Les centres de l’Organisation Internationale de Migrations (OIM) constituent aussi une source d’insécurité selon le témoignage de plusieurs participants. Un représentant de la Garde Nationale du Niger confirme cette information en ces termes : « ils ne s’attaquent pas seulement qu’aux citoyens, ils attaquent même les militaires », il ajoute « un de nos agents a eu à faire face à eux. » Le Sous-officier des GNN conclut « ce n’est plus du petit banditisme, c’est devenu tout simplement une situation d’insécurité. » un autre participant pense que les orpailleurs, ces dizaines de milliers de jeunes qui quittent leurs villages dans les quatre coins du Niger à la recherche de l’or, constituent une source d’insécurité. « Quelqu’un qui quitte chez lui, juste pour avoir de l’or dans un trésor incertain, est capable de tout pour avoir de l’argent ; il peut tuer, voler et faire d’autres choses qui ne sont pas du tout normales pour atteindre son objectif » analyse le Commissaire de Police Elh. Ali Ousmane Mahamane, participant à la rencontre.
Un programme pertinent pour la réinsertion sociale des anciens détenus doit être mis en œuvre propose un acteur de la société civile locale. Ceci permettra à la prison d’être réellement un lieu qui va changer positivement l’homme au lieu de l’enfoncer davantage.
Les listes d’interventions étant épuisées, le modérateur rappelle les points saillants des différentes interventions, avant de tirer la synthèse de la rencontre.
Les participants vont procéder par la suite à la mise en place du Comité de Vigilance et de Veille Citoyenne (C2VC) qui est une structure mixte composée des représentants des autorités administratives et coutumière régionales, des représentants des Forces de Défense et de Sécurité et des représentants des Organisations de la Société Civile locale. Le C2VC élit un bureau de cinq (5) membres conformément à la charte régissant son fonctionnement.