Niger : L’ANLC-TI exige la libération immédiate des journalistes arbitrairement incarcérés et dénonce une attaque contre la liberté de la presse
COMMUNIQUÉ DE PRESSE N° 0014/25/TI-Niger
Incarcération de journalistes à Kollo : L’ANLC dénonce une violation flagrante des engagements internationaux du Niger et une atteinte grave à la liberté d’expression.
L’Association Nigérienne de Lutte contre la Corruption (ANLC), section nationale de Transparency International, condamne avec la plus grande fermeté l’incarcération, ce lundi 3 novembre, des journalistes Ibro Chaibou, Secrétaire de Rédaction du groupe de Presse Sarraounia Youssouf Seriba, Directeur de publication du média en ligne les « Echos Du Niger » et Oumarou Kané Directeur de publication du Journal « Le hérisson » à la prison civile de Kollo. Cette décision intervient après une série d’arrestations survenues le 1er novembre, visant plusieurs professionnels des médias, dont Moussa Kaka, PDG du groupe de presse Radio Sarraounia, Souleymane Oumarou Brah, Directeur de Publication de la « La Voix Du Peuple », Abdoul Aziz Idé reporter au Groupe de Presse Sarraounia et un Chauffeur du même groupe, qui ont été libérés après trois jours de garde à vue.
L’ANLC tient à rappeler que le Niger est État partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), qui dispose en son Article 19 :
« 1. Nul ne peut être inquiété pour ses opinions.
2. Toute personne a droit à la liberté d’expression ; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix. ‘’
Le placement sous mandat de dépôt de ces trois journalistes, sur la base de motifs qui restent délibérément flous, constitue une violation manifeste des engagements internationaux du Niger et du métier de journaliste.
L’ANLC souligne que ces arrestations et incarcérations arbitraires ont un objectif clair : museler toute voix discordante et anéantir le contre-pouvoir médiatique. Or, un journalisme libre est le rempart le plus efficace contre la corruption, l’opacité et la mal gouvernance. En s’attaquant aux médias, les autorités sapent délibérément les fondements de la transparence, de la redevabilité, de l’intégrité et de l’Etat de droit au Niger.
La lutte contre la corruption est indissociable de la liberté de la presse et d’expression. Un pays où les journalistes sont emprisonnés pour avoir fait leur travail est un pays où la corruption peut prospérer en toute impunité.
Par conséquent, l’ANLC :
- demande la libération immédiate et sans condition des journalistes Ibro Chaibou, Youssouf Seriba et Oumarou Kané détenus arbitrairement dans l’exercice de leur métier et tous les journalistes emprisonnés dont Ali Soumana Directeur de Publication du Journal Le Courrier qui croupit en prison depuis plusieurs mois ;
- demande l’abandon de toutes les charges retenues contre l’ensemble des journalistes interpellés, ces poursuites étant manifestement arbitraires et contraires à l’article 19 du PIDCP ratifié par le Niger ;
- rappelle au gouvernement nigérien ses obligations internationales en matière de protection des droits fondamentaux, notamment la liberté d’expression et de la presse ;
- demande aux autorités politico militaires d’arrêter le harcèlement des journalistes dont la finalité est de les réduire au silence ;
- appelle les défenseurs des droits de l’Homme à se mobiliser pour la défense des libertés fondamentales et du métier des journalistes au Niger.
L’ANLC restera vigilante et continuera à soutenir la lutte pour les droits humains et la bonne gouvernance qui passe par une justice indépendante.
Fait à Niamey, le 5 novembre 2025
Pour le Conseil Exécutif National
Le Président
Maman WADA
*Source : Communiqué de Presse N° 0014/25/T1-Niger de l’ANLC-TI Niger*


